Gustave Monod - Une nouvelle idée de l'école

Une certaine idée de l’école Gustave Monod 83 Edmée Hatinguais, directrice du CIEP de 1945 à 1967 « C’était un rêve réalisé, un vieux rêve de jeunesse conçu dans les tranchées de la guerre de 1914, alors qu’il souhaitait une pédagogie inspirée par « le culte de l’Homme », qui irait au devant des possibilités humaines, donnant à chacun le moyen de s’élever. Cet appel pressent, c’est celui qu’entendirent les pionniers des classes nouvelles. Mais M. Monod ne se contenta pas de les convier par circulaires ; il sentit le besoin de les grouper au départ pour fixer les buts à atteindre et rassembler des bonnes volontés. Le lieu choisi fut Sèvres et par là même fut créé le Centre international d’études pédagogiques, dans les locaux de l’ancienne École normale supérieure. Une vieille tradition universitaire hantait ces murs ; le directeur en fit le berceau de la pédagogie nouvelle. Du 17 au 27 septembre 1945, 180 chefs d’équipe des futures Sixièmes nouvelles furent ainsi réunis : il s’agissait, non de répandre une doctrine mise au point et soigneusement élaborée, mais de se mettre d’accord sur un esprit et de convier les professeurs à chercher eux-mêmes leur méthode. Sèvres, au lendemain de la guerre, offrait alors bien peu de confort, les chambres étaient délabrées, le mobilier bien pauvre, mais ce qui comptait pour les stagiaires, c’étaient le beau parc aux frondaisons dorées par le soleil d’automne, les longs couloirs propices aux interminables discussions pédagogiques ; c’était surtout la grande bibliothèque aux boiseries anciennes, offrant un asile vaste et plein de dignité, où le directeur les accueillaient. » 68 Suzanne Brunet, stagiaire de 1945, professeur au lycée Édouard-Herriot, Lyon « Au centre de la table, tournant le dos aux grandes fenêtres et aux glaces qui reflétaient l’auditoire, M. Gustave Monod présentait ses projets de sa voix grave et chaleureuse. (…) Quand il quittait la salle des séances, appuyé sur sa canne, il nous intimidait certes par sa distinction de grand universitaire, mais nous étions prêts à lui faire part de nos espérances et de nos inquiétudes, sûrs d’être compris. » Edmée Hatinguais, directrice du CIEP de 1945 à 1967 «Il fut décidé qu’un stage bilan se réunirait pour faire le point. Une expansion progressive caractérise les années suivantes, chaque rentrée scolaire marque une nouvelle étape : 1946 fixe l’organisation des Cinquièmes nouvelles, 1947, celle des Quatrièmes, 1948, celle des Troisièmes. Ce ne sont pas seulement les professeurs des classes nouvelles qui ont eu le bonheur de profiter, à Sèvres, de ces rencontres fructueuses avec le directeur. La formule semblant heureuse, bien d’autres réunions groupèrent à Sèvres des administrateurs, des professeurs de disciplines spécialisées ou jumelées, des éducateurs, des psychologues, des stagiaires d’enseignement…» 69 Témoignage anonyme « Il a créé le Centre en 1945 devant la nécessité de trouver un lieu de réunion qui permette de rassembler les éducateurs qu’on allait lancer dans l’expérience pédagogique des classes nouvelles. Au lendemain même de la guerre, les locaux de l’ancienne ENS n’étaient plus occupés, l’école ayant été transportée à Paris – M. Monod songea à utiliser cette maison riche de souvenir, d’abord Manufacture royale créée par Mme de Pompadour, avant d’être l’ENS. Elle offrait un décor séduisant en même temps qu’une tradition intellectuelle. M. Monod a surtout songé à avoir une possibilité de contact personnel, dans un lieu toujours le même qui permette que des souvenirs s’y attachent. C’était une possibilité pour le mouvement des classes nouvelles de s’attacher à une maison. Il concevait l’éducation comme une totalité, faite pour former un homme, et aussi pour dépasser les frontières. Il a voulu le centre, dès le début, international. Il a accueilli les étrangers, avec l’idée que si tous les gens, de tous les pays, ne travaillaient pas à une réforme profonde, la guerre serait toujours à l’horizon. » Jean Auba, Inspecteur général et directeur du CIEP de 1967 à 1983 « Sèvres devait être, en liaison avec le Ministère, le véritable moteur de cette révolution pédagogique. Aussi les professeurs des classes nouvelles participèrent-ils à Sèvres à des stages où ils rencontrèrent les représentants du Ministère et les Inspecteurs généraux. Ils eurent avec eux de libres discussions pour confronter les idées et les expériences. D'autre part Gustave Monod pensait que les enseignants ne doivent pas s'isoler dans leur classe, leur établissement ou même leur pays, mais participer à de nombreux échanges avec leurs collègues d'autres pays. On reçut donc à Sèvres des professeurs étrangers. Le lieu de ces réunions ou rencontres était tout trouvé. » 70 Le Centre international d’études pédagogiques vu par …

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