71 G. Monod, Cahiers pédagogiques, n°78, in Jacqueline Cambon, Richard Delchet et Lucien Lefèvre, op. cit., p. 294 72 Jean-Pierre Rioux (sld), Deux cents ans d’Inspection générale, 1802-2002, Paris, Fayard, 2002, p. 270 73 Idem, p. 274 Une certaine idée de l’école 84 Gustave Monod Un passeur d’idées L’engagement de Gustave Monod s’inscrit dans le contexte de l’immédiat après-guerre, du vaste chantier de reconstruction qui commence, animé par l’esprit du Conseil national de la Résistance. L’éducation est à rebâtir. L’éducation populaire connaît un vivant essor. Gustave Monod a été un acteur engagé de la pédagogie nouvelle comme enseignant. Les différents postes de responsabilité qu’il a occupés lui ont permis de concevoir, de donner un cadre administratif et de mettre en œuvre des réformes. Militant engagé et passeur d’idées, il a participé à la fondation de plusieurs revues, encore actives aujourd’hui, et à la vie de plusieurs associations parascolaires. Les revues En 1944, Gustave Monod a fondé L’Éducation nationale, une revue hebdomadaire qui s’adressait à tous les ordres de l’enseignement. Il s’agissait de créer une revue universitaire qui ferait une part égale aux informations et explications du ministère et aux idées et expériences des membres de l’enseignement. Ce fut l’origine de l’hebdomadaire L’Éducation nationale, aujourd’hui L’Éducation. Ce souci premier d’un dialogue paritaire était alors entièrement nouveau. Les Commissions de ce nom n’existaient pas encore. Les syndicats sortaient à peine de la clandestinité. En 1945, il a encouragé la création des Dossiers pédagogiques, dont il a été un temps président du comité de rédaction. Cette revue a été un moyen de perpétuer le mouvement des classes nouvelles. Elle a été animée dès le départ par François Goblot, professeur de philosophie lyonnais. Gustave Monod a préféré laisser le soin à un acteur engagé et du sérail d’animer une sorte de bulletin de liaison entre toutes les sixièmes nouvelles. Chacun y racontait en toute liberté ce qu’il avait voulu et pu faire. Les Dossiers pédagogiques sont ainsi devenus les Cahiers pédagogiques. Si Gustave Monod est finalement totalement réhabilité en 1945 (un arrêté du 30 septembre 1945 le réintègre dans le cadre des inspecteurs de l’académie de Paris, et le nomme Inspecteur général de l’Instruction publique), sur le plan pédagogique, ses actions ont été continues et variées : élaboration d’une pédagogie d’éveil et d’incitation de l’intelligence ; individualisation des méthodes ; nécessité de l’orientation ; création du Centre international d’études pédagogiques à Sèvres ; développement des lycées-pilotes et des classes nouvelles…mais il a également innové dans le domaine des œuvres péri- ou postscolaires. L’instruction civique et morale Cette question préoccupe beaucoup Gustave Monod comme toute question touchant à l’éducation morale. Les arrêtés des 26-27 juin 1945 créant l’instruction civique et morale dans le premier cycle de l’enseignement secondaire prévoient de consacrer une heure hebdomadaire à cet enseignement et définissent un programme comprenant deux parties : une initiation à la vie morale et une partie relative à la vie politique et économique s’échelonnant de la commune à l’État. Gustave Monod rédige lui-même ces textes de 1945 : « … il ne s’agit pas seulement de faire de la classe une démocratie en modèle réduit, il s’agit d’en faire un prototype de ce que pourrait être l’état social futur ». 71 Son ami fidèle, Louis François, qui revient des camps – il a été déporté à Sarrebruck, Sachsenhausen et à Neuengamme, participe à leur mise en œuvre. « Gustave Monod, devenu directeur de l’enseignement du second degré, lui demande de prononcer le 11 juillet 1945 le discours de la distribution des prix du concours général sur le thème du « Retour à la liberté ».72 « Par l’arrêté du 27 mars 1948, de nouvelles dispositions s’étendent au second cycle l’enseignement de l’instruction civique à raison d’une demi-heure par semaine dans toutes les classes. Ces mesures constituent une véritable innovation. » 73
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