Gustave Monod - Une nouvelle idée de l'école

Une certaine idée de l’école 28 Gustave Monod En 1933, Gustave Monod est appelé au cabinet d’Anatole de Monzie, ministre de l’Éducation nationale. Il continue parallèlement d’exercer comme professeur de philosophie à l’école d’application annexe de l’École normale supérieure de jeunes filles de Sèvres (octobre 1933-septembre 1934). Lorsqu’il quitte le ministère, il est nommé aux lycées Louis-le-Grand et Condorcet puis à Versailles (octobre 1934-septembre 1936). Son expérience de cabinet est à l’image de l’homme : fidèle à ses convictions et les mettant en application dès lors qu’il exerce des responsabilités. Ainsi, c’est lui qui conduit le ministre à assister, au lycée Henri-IV, le samedi 1er juillet 1933, à l’avant - dernier cours d’Emile Chartier, dit Alain, pour « …saluer un membre éminent de la république des Lettres […] le professeur qui avait marqué de son empreinte des générations de khâgneux ». 15 C’est au même moment qu’est lancée, dans l’esprit du temps, l’Encyclopédie française, et Lucien Febvre choisi comme maître d’œuvre de l’aventure : une décision à laquelle Gustave Monod semble ne pas avoir été étranger. 16 Dès l’été 1932, les correspondances de Gustave Monod en charge du dossier au cabinet du ministre de l’Éducation nationale à Sébastien Charléty, recteur de l’Université de Paris, assignent à l’Encyclopédielamission de lutter contre l’irrationalisme. Elle devra manifester que l’Université n’a qu’ « une doctrine : la science 17». Monzie confirma publiquement cette orientation. Du point de vue éditorial, Gustave Monod propose une conception originale et singulière pour l’époque. L’idée traduit l’ambition d’une grande entreprise d’État. Monod envisage de faire construire un fichier à la Bibliothèque nationale, une « Encyclopédie dynamique », précise-t-il. Il se serait agi en fait d’une « Encyclopédie-fichier », conçue comme une institution « permanente et ouverte », « [un] fichier encyclopédique […] nécessairement international : une manière de bureau international de la science ». Il ajoute : « l’esprit encyclopédique ne serait plus condamné à attendre de telles occasions historiques de se manifester18». Ce fichier se serait suffi à lui-même et aurait pu être vendu aux bibliothèques privées ou publiques. Au cours de l’été et de l’automne 1933, Lucien Febvre fait progressivement admettre une voie moyenne entre la traditionnelle encyclopédielivre et l’innovante encyclopédie-fichier. Ce fut le slogan « les pages changent, le livre reste » ou comme le disait Henri Berr « une œuvre qui ne vieillira jamais mais connaîtra une refonte perpétuelle 19». Séance de travail de l’Encyclopédie française, en 1935, de gauche à droite : Jules Romain (1885-1972), Lucien Febvre (1878-1956), Anatole de Monzie (1876-1947), Sébastien Charléty (1867-1945) 15 Jean-François Sirinelli, op. cit., p.427 16 Idem, p. 108 17 BNF n a f 25550 f° 103 p. 15 18 BNF n a f 25550 f°111 et suivants (été et automne 1932). C’est le principe des encyclopédies en temps réel sans la technologie de l’informatique ! Cité in Marie Jaisson et Eric Brian (sld), « Coup d’œil sur l’Encyclopédie », Le point de vue du nombre de 1936, édition critique, Paris, Institut national d’études démographiques, 2005, pp.15-16 19 BNF n a f 25551 f° (30 octobre 1932)

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