Gustave Monod - Une nouvelle idée de l'école

Une certaine idée de l’école C’est aussi Gustave Monod qui, pour rapprocher la France de l’Allemagne, et dans la fidélité à ses positions en faveur de la Société des Nations et de la paix, propose à la Commission du désarmement moral de la SDN que soit rédigé un manuel d’histoire franco-allemand, initiative reprise soixante-dix ans plus tard, lors du 40e anniversaire du traité franco-allemand, le 23 janvier 2003. 20 Au cours de l’année 1936, Gustave Monod participe aux travaux du Congrès du Havre, du 31 mai au 4 juin. Cette assemblée se proposait de mettre à l’étude « les conceptions relatives à l’enseignement secondaire ». La présidence est assurée par Albert Chatelet, alors recteur de l’Académie de Lille, avec comme assesseur Paul Langevin. Mais c’est Gustave Monod qui laisse son empreinte sur les travaux du congrès. Des commissions appelées « sections » se partagent quatre grands thèmes : - organisation générale, rapporteur Langevin ; - organisation de l’enseignement scientifique expérimental, rapporteur Lemoine ; - organisation de l’enseignement technique, rapporteur Fournel ; - organisation de l’éducation morale, rapporteur Monod. « L’idée centrale c’est que l’enseignement du second degré doit donner une base minimum de culture générale et développer la personnalité de l’enfant. Les orientations du Havre, telles qu’elles apparaissent dans les vœux finaux mis en forme par Gustave Monod, sont les suivantes : - limitation de l’effectif à 25 élèves ; - nécessité d’introduire partout les exercices pratiques et les travaux d’atelier ; - création d’écoles expérimentales pour essayer de coordonner les enseignements ; - intégration de l’éducation physique à la vie scolaire ; - régime souple permettant l’interpénétration des disciplines scientifiques et littéraires ; - prise de conscience d’un besoin de rénovation pédagogique dans toute la France. » 21 Toutes les réformes de l’enseignement du second degré sont en germe dans les rapports du Congrès du Havre, et d’abord la création des classes d’orientation, en 1937, qui donneront le jour, à la Libération, aux « classes nouvelles ». En 1936, Gustave Monod est nommé par Jean Zay inspecteur d’Académie en résidence à Paris (décret du 16 juin 1936). Il occupe cette fonction à compter du 1er octobre de la même année jusqu’au 12 mars 1941. Gustave Monod ne perd jamais de vue son rôle en tant qu’acteur de l’enseignement ; il s’engage dans différentes associations qui prônent son changement et sa réforme. Mais il est avant tout un visionnaire qui saisit le changement profond de la société et la nécessité de faire évoluer le système éducatif, au nom d’une certaine idée de l’école. Il a été frappé, en particulier, par la prolongation de la scolarité et s’est interrogé sur les moyens de l’endiguer et de l’accompagner : « …c’est avec cette référence nouvelle d’une croissance de la scolarisation - qui semble davantage tenue pour inévitable que pour souhaitable – que fut élaborée la politique scolaire conduite de 1936 à 1939, puis de 1944 à 1951». 22 20 Jean-François Sirinelli, op. cit., p. 108 21 Paulette Armier, Le Centre international d’études pédagogiques de Sèvres et l’enseignement en France de 1945 à 1975, thèse sous la direction de M. le professeur Snyders, Université Paris V Sorbonne, 1983, pp. 19-20 22 Jean-Michel Chapoulie « Entre le lycée d’élite et le lycée de masse. Paul Langevin, Gustave Monod et les réformes de l’enseignement secondaire de 1936-1939 et 1944-1951 » in Pierre Caspard, Jean-Noël Luc et Philippe Savoie (sld), Lycées, lycéens, lycéennes. Deux siècles d’histoire. Lyon, INRP, 2005, p. 146 Gustave Monod 29 Affiche du Congrès du Havre, 1936

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