Gustave Monod - Une nouvelle idée de l'école

Une certaine idée de l’école Gustave Monod 11 2Idem, p. 339 3Idem, p. 346 4Régis de Reyke, « L’École des Roches, une institution éducative centenaire », Les Études sociales, n°128, parution nov.-déc. 1998, dactylographié p. 10 L’École des Roches Fondée en 1899, en Normandie près de Verneuil-sur-Avre, par Edmond Demolins, cette école, privée et laïque à la fois, s’inscrit dans un projet pédagogique, celui de former de futures élites. S’inspirant des méthodes expérimentées dans les écoles nouvelles anglaises d'Abbotsholme et de Bedales, Edmond Demolins introduit le concept d’éducation nouvelle en France à un moment où l’enseignement secondaire fait l’objet de critiques sévères. Si l’éducation nouvelle se présente comme un laboratoire pédagogique d’avant-garde, elle reste indépendante de toute confession comme de l’État bien qu’inspirée des idées réformées. Le successeur d’Edmond Demolins, Georges Bertier, est un catholique fervent et pratiquant, professeur de philosophie, qui s’intéresse à la sociologie. Directeur de l’École des Roches à partir de 1903, il modifie le projet initial. Les idéaux pédagogiques des Roches - responsabilisation de l’enfant, pédagogie adaptée à ses besoins, importance des activités physiques et manuelles - partagés avec le mouvement de l’Éducation nouvelle, sont dès lors combinés à ceux du système traditionnel français dans lequel les humanités occupent une place consacrée. Il existe, en effet, des liens entre les praticiens de l’école publique et ceux de la « mouvance rocheuse » qui comprend une nébuleuse d’intellectuels conservateurs issus du milieu technocratique ou du catholicisme social dont une partie se retrouve à Vichy. Une autre composante provient d’une famille plus laïque et universitaire dont Gustave Monod fait partie. Georges Bertier est la clé de voûte de cette relation. Il tisse des liens avec les grands commis de l’État qui vont jouer un rôle dans la réforme de l’enseignement dans la première moitié du XXe siècle. Il s’implique dans différentes organisations. Dès 1915, il fait partie du mouvement de l’Éducation nouvelle. En 1919, il adhère aux « Compagnons de l’Université nouvelle », à la Ligue internationale de l’Éducation nouvelle en 1921. En 1928, il fait partie du Bureau français d’Éducation nouvelle. Il rencontre ainsi les principaux acteurs du mouvement réformiste : Henri Piéron, Henri Wallon, Paul Langevin, Albert Châtelet…. Gustave Monod reste très imprégné de l’expérience de l’École des Roches. Il continue à s’y rendre jusqu’en 1921 en tant qu’inspecteur. À partir de 1934, il intègre le Conseil d’administration de l’École et fait partie en 1936 des six membres du Comité de direction. « De son passage aux Roches, Gustave Monod découvre ce qui restera l’objectif de toute sa vie : donner du sens à l’institution scolaire en la transformant en une communauté éducative où l’autorité professorale s’efface devant l’autorité des règles de vie en collectivité, où l’enfant est appelé à prendre des initiatives et des responsabilités dans le cadre d’une éducation de toute la personne. » 2 Gustave Monod souhaitera mettre en œuvre cette « révolution culturelle » au cœur de l’institution. Même s’il est éloigné des personnalités conservatrices liées à l’industrie et aux antipodes de sa conception humaniste, il se situe à la charnière du secteur privé et du secteur scolaire public. Modèle d’éducation active, l’École des Roches représente un laboratoire pédagogique et une expérience réussie qui inspirent les réformateurs dans le domaine éducatif de 1902 à 1947. « Viscéralement attaché à l’école laïque républicaine, le passage et la fidélité aux Roches de Monod doivent se comprendre par les aspirations qu’il a toujours nourries pour moderniser la pédagogie scolaire (…) et enfin parce qu’il a rencontré Georges Bertier, conservateur et néanmoins ami, animé d’une même foi réformiste. » 3 Gustave Monod « n’aura cesse de prendre cette école pour modèle dans le cadre des réformes scolaires dont il aura la charge bien des années plus tard ».4 L’École des Roches est pour lui un exemple pour plaider la modernisation du système scolaire public et pour parvenir à démocratiser un modèle pédagogique élitiste.

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