Un soldat de la grande guerre : au service du pays Contemporain de la « génération d’Agathon », il n’est ni du côté de ces pacifistes, ni de celui de ces nationalistes qui contribuent à structurer le paysage politique des années d’avant-guerre. Simplement soucieux de faire son devoir, mobilisé dès le début de la Première Guerre mondiale, il passe 44 mois au front (août 1914 - avril 1918). Enrôlé le 2 août 1914 comme simple soldat de 2e classe, il est infirmier d’ambulance. A sa demande, il est affecté au 4e régiment de marche de zouaves. Unité d’élite, ce régiment porte les fourragères aux couleurs de la Légion d’honneur et de la Médaille militaire. Il perdra les deux-tiers de son effectif à Verdun, et 9 351 morts au cours du conflit. Gravement blessé par un obus le 29 mars 1918, devant Orvillers-Sorel, il refuse d’être emmené en ambulance avant que tous ses hommes ne soient évacués. Son mal s’aggrave. Les médecins sont conduits à l’amputer à deux reprises de la jambe droite. Il reste neuf mois à l’hôpital et en sort en janvier 1919. Sa blessure et son amputation le feront souffrir jusqu’à la fin de sa vie. Ses états de service l’ont conduit à recevoir la Croix de guerre 1914-1918, la Médaille militaire et cinq citations dont deux à l’ordre de l’Armée. Il est fait chevalier de la Légion d’honneur, comme soldat de 2e classe, le 16 mars 1921, et élevé à la dignité de Grand officier de la Légion d’honneur à titre militaire, par décret du 28 juillet 1960. Son expérience de la guerre le marquera jusque dans sa réflexion d’enseignant et de réformateur de l’école, et c’est une leçon humaniste et pleine d’espérance pour ses semblables qu’il en retire. Il écrira ainsi, en 1945 « …au cours de ma vie, j’ai été mêlé à la grande foule car, pendant les quatre années de la guerre de 1914, j’ai été soldat de deuxième classe, c’est-à-dire tout proche du plus humble. C’est la plus profonde expérience humaine que j’ai eue à traverser (…) j’ai trouvé parmi mes camarades de section des trésors de cœur, de caractère, d’intelligence aussi, que les études primaires n’avaient pas mis à jour et que les circonstances de la guerre révélaient (…) j’aspire donc (…) à une pédagogie qui irait au devant des possibilités humaines que chacun porte en soi (…), qui donnerait à chacun la possibilité de s’élever ». 5 Une certaine idée de l’école 5 Gustave Monod, Cahiers pédagogiques, n°78, in Jacqueline Cambon, Richard Delchet et Lucien Lefèvre, Anthologie des pédagogues français contemporains, Paris, Presses universitaires de France, 1974, p. 293 12 Gustave Monod Gustave Monod, infirmier d’ambulance au front, 1917
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