FOCAALE - État des lieux de la recherche

4 en situation d’illettrisme mais scolarisées en France (réapprendre à les mobiliser tout en restaurant l’image de soi en tant qu’apprenant). Enfin, on sur-considère le critère de scolarisation des publics pour les catégoriser et leur prescrire des formations. En évaluant leurs besoins sur cette base, on occulte complètement la nécessité de travailler la communication orale en priorité chez les non-francophones, qu’ils aient été scolarisés ou pas. Un changement de paradigme pour favoriser une évolution significative des pratiques est donc indispensable. Il passe par un travail profond sur les représentations des publics et de l’apprentissage afin d’abandonner les regards misérabilistes et les logiques fatalistes, et d’évaluer les besoins par un autre prisme que celui de la seule scolarisation. Il passe également par une remise en question radicale de la manière de « faire de l’interculturel » qui implique un vrai décentrage pour arrêter d’enfermer les publics dans leurs identités d’origine, et les aider à construire de nouvelles appartenances « ici et maintenant » qui ne les nient pas mais qui leur donne une place juste. Ce changement ne pourra pas avoir lieu si l’on ne prend pas conscience du lien entre les regards et les discours, ceux-ci influençant ceux-là. Mais le contexte institutionnel est encourageant. En renouvelant sa politique migratoire autour de l’obtention du Diplôme Initial de Langue Française, l’Etat inscrit la formation linguistique des migrants dans une logique de développement des compétences en contexte appuyée par le CECRL. Le CIEP vient de créer une filière « FLE migrants » au BELC pour préparer les acteurs de la formation linguistiques des migrants à ces orientations. Et en Île-de-France, la Région a validé une ligne de financement spécifique pour les Ateliers Socio Linguistiques qui les mettent en œuvre. Delruelle, E., (2001). Les enjeux de l'accueil des migrants, Penser l'accueil autrement, dossier pédagogique. [Consulté le 18 janvier 2019]. http://www.annoncerlacouleur.be/ressourcepedagogique/penser-laccueilautrement/30_08_2011 Edouard Delruelle, en tant que philosophe, s’attarde sur le caractère historique, contingent, relatif des constructions culturelles dans lesquelles nous vivons afin de prendre une distance critique. Il faut éviter, selon lui, une double illusion : celle qui considère que notre société est la plus raciste et xénophobe qu’on ait jamais connue et celle qui affirme que la voie est ouverte, après des siècles de rejet de l’autre, à une société cosmopolite ouverte et humaniste. Dans les sociétés traditionnelles, la société s’instituait comme un corps où les repères de ce qui était intérieur et extérieur, supérieur et inférieur, noble et vil, ne pouvaient faire l’objet d’aucune discussion. Les valeurs du groupe formaient un tout dont il n’était pas possible de s’extraire. Il n’y avait pas de débat, tout était dicté par la tradition, garante de l’ordre immuable des choses : les rapports avec les étrangers étaient des rapports d’hospitalité ou d’hostilité selon les circonstances, mais toujours réglés et codés. Entre le 16e et le 19e siècle, une révision politique et culturelle survient dans notre civilisation par étapes successives et les hommes prennent conscience qu’ils sont semblables et qu’ils appartiennent la même humanité. Cela pose un nouveau problème : l’horizon d’universalité qui borde dorénavant nos sociétés modernes est source infinie de contestation, de remise en question permanentes. Qu’est-ce qui définit aujourd’hui nos différences ? Cette semblable humanité remet en question mes propres valeurs, ma propre identité. Selon Edouard Delruelle, la modernité oscille entre deux types d’universalisation : on aurait d’une part une police des relations sociales qui confond universalisation et mondialisation et qui subordonne le traitement des étrangers à l’établissement d’un « nouvel ordre mondial » ; et d’autre part une réelle politique des relations sociales qui fait de l’étranger un acteur à part entière dont l’arrivée trouble l’ordre établi et nous oblige à une redéfinition constante de nos identités et de nos repères. Accueil, construction culturelle

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