Une certaine idée de l’école Gustave Monod 91 Y-a-t-il une crise de l’Enseignement secondaire ? – décembre 1948 « Oui, et je vais préciser son caractère. (…) Je voudrais vous dire ce qui nous manque et dont nous souffrons : Nous manquons de crédits… Nous manquons de locaux et de maîtres. Mais il y a bien pis que cela : c’est l’institution elle-même qui manque à son objet, et sur ce point, je vais insister. Elle n’atteint pas son objet parce qu’elle n’est pas assez organisée pour l’orientation des enfants d’une part et que d’autre part elle n’est pas assez diversifiée quant aux débouchés qu’elle offre. Il faut diversifier les portes de sortie de l’enseignement secondaire, les multiplier pour répondre à la fois à la diversité des aptitudes et aux nécessités sociales. Une mesure capitale consisterait à multiplier les sections d’études qui caractérisent le second cycle à partir de la seconde, pour aboutir à des baccalauréats dont les différentes mentions seraient beaucoup plus nombreuses qu’aujourd’hui. Mais comment orienter ? C’est ici qu’interviennent les classes nouvelles. L’une des portes, c’est la culture classique qu’il faudra rénover. Il faut penser aussi à la section moderne. Les sciences expérimentales ne sont pas suffisamment cultivées dans le secondaire. On nous propose une forme de section moderne dont l’objet serait la connaissance du monde présent, sociale et économique. Par la création de ces diverses sections, le baccalauréat ouvrira à nos enfants des possibilités, des perspectives plus larges et nous aurons travaillé à un meilleur rendement social comme à un meilleur épanouissement de l’individu. » 82 L’échec des classes nouvelles – mars 1968 « Cette expérience a échoué faute de moyens financiers suffisants, sous la pression de la montée des effectifs et en raison de résistances psychologiques de la part d’une partie du corps enseignant, mais dans ses principes, elle a tenté de porter remède à des maux que le temps a rendus, depuis, évidents à tous. La coexistence des classes nouvelles et des classes traditionnelles a aussi contribué à l’échec des premières. Echecs parce que je ne réussis que très tardivement auprès des Finances à faire inscrire ces conseils dans l’horaire rémunéré et parce qu’il y eut chez les professeurs une forte résistance. Chacun a sa classe, chacun a sa méthode. J’eus ensuite autant de peine à instituer ces conseils de professeurs et à les faire fonctionner. Surtout à instituer ce qu’on appelle aujourd’hui « l’esprit d’équipe ». De 1947 à 1951, cinq ministres de l’Instruction publique se sont succédés rue de Grenelle : Henri Wallon – René Capitant - Marcel-Edmond Naegelen – Édouard Depreux - Yvon Delbos - Pierre Olivier Lapie. J’ai demandé ma retraite avant André Marie. Ces hommes politiques avec qui j’ai travaillé apportèrent à leur tâche une bonne volonté certaine. Chacun d’eux croyait en toute loyauté inaugurer une ère nouvelle. Mais j’ai le sentiment qu’aucun n’avait lu avec l’attention nécessaire le rapport d’Henri Wallon. Presque chaque ministre voulait avoir son projet personnel ou du moins le projet qui aurait pu être attribué à son parti. » 83 82 Gustave Monod, « Défense de l’enseignement secondaire », conférence de presse donnée le 15 décembre 1948, archives du CIEP 83 Louis Cros (dir.), op. cit., p. 87
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