Gustave Monod - Une nouvelle idée de l'école

Une certaine idée de l’école C’était il y a longtemps. Bien longtemps. Trop longtemps. En un temps où le principe d’obéissance – base des corps constitués, ferment de la continuité de l’État, garant de la Nation – ne coïncidait pas exactement avec l’éthique de conviction. Sous couvert de « Révolution nationale », une politique de guerre civile couverte, puis ouverte, dressait les Français les uns contre les autres. Politique d’exclusion puis complicité d’extermination devenaient le quotidien des lâchetés ordinaires. Comment, dès lors, continuer d’incarner les valeurs de la République ? Comment demeurer un exemple alors que sévit le vichysme « …entendu non comme une catégorie historique, mais comme virus du comportement » ? 75 Aucune réponse n’est simple, mais il en est qui sont droites. A la mesure d’une vie toute entière. Celle de Gustave Monod. Gustave Monod aura donc pu être pleinement et successivement, tout en demeurant fidèle à ses idées, un combattant exemplaire de la Grande guerre, un militant de la paix pendant l’entredeux-guerres, un antifasciste engagé face à la montée des périls, un résistant de la première demi-heure, et tour à tour acteur et responsable de l’école, de sa réforme et de sa rénovation. Il aura passé sa vie en première ligne. Il aura consacré son temps, son action, sa carrière à cette école qui l’avait fait tel qu’il était, et dont il ne cessa de lui rendre ce qu’elle lui avait donné. Gustave Monod appartient bien à un « protestantisme français historique » que décrit Patrick Cabanel lorsqu’il évoque « … un habitus protestant, une culture historique résiduelle qui continue à désacraliser et, iconoclaste, préfère l’écrit à l’image, la pédagogie des professeurs à l’écran des politiciens, la morale un peu raide à la royale plasticité » 76. Il aura profondément marqué son temps, l’École et la République. Conscient au plus haut point que c’était la République qui avait créé l’École, il savait que c’est aussi l’École qui fait la République. Honorer sa mémoire, son esprit et son action est donc, pour le Centre international d’études pédagogiques qui lui doit tant, être comme le fleuve, fidèle à ses sources lorsqu’il va vers la mer. 75 Marc Lambron, « Le vichysme, un virus du comportement », Le Point, 20 septembre 1997, p. 60 76 Patrick Cabanel, Les Protestants et la République, Bruxelles, éditions Complexe, 2000, p. 244 Gustave Monod 87

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