Gustave Monod - Une nouvelle idée de l'école

Une certaine idée de l’école 78 Gustave Monod Gustave Monod veut créer un climat nouveau dans l’enseignement. Secondé par Louis Cros, qui dirige alors le 3e bureau de la direction de l'enseignement du second degré, il poursuit son action et transforme la structure du corps des professeurs. Il commence par simplifier le statut des enseignants. L’époque était, en effet, marquée par une réelle diversité du corps enseignant qui impliquait une très grande différence de traitement. Conscient de la nécessité de recruter de plus en plus d’enseignants, Gustave Monod obtient que soit généralisé, sous forme d’un « cadre supérieur », puis d’un « cadre unique », l’ancien « cadre de Paris ». « La première réforme a consisté à faire accéder à l’échelle indiciaire du cadre de Paris (indice 630) des professeurs agrégés exerçant dans les lycées de province (indice 510). La deuxième phase de la réforme fut celle du « cadre unique », tous les agrégés, sans aucune sélection, accédaient ainsi à l’échelle 630. » 60 Ce fut la première mesure de déconcentration des carrières universitaires, et, compte tenu de l’érosionmonétaire, la seule revalorisation efficace et durable de la fonction enseignante, «…une des réformes les plus importantes de la Libération». Gustave Monod entreprit également de favoriser et d’améliorer le recrutement des maîtres. Depuis 1942, les professeurs de collège étaient recrutés par le Certificat d’aptitude à l’enseignement dans les collèges (CAEC). Les concours des CAEC portaient sur deux disciplines. Le principe de ce concours le situait « …à mi-chemin entre celui de l’agrégation et celui du professorat des écoles normales » 61. Il s’agissait après la Libération d’accueillir et de scolariser les générations montantes. Les besoins étaient importants et en augmentation constante, alors que le vivier d’enseignants était de faible capacité, et que le recrutement continuait à se faire dans les classes d’âge à faible effectif, correspondant aux classes creuses d’avant-guerre et de la guerre. S’il existe, depuis Jean Zay, un « enseignement du second degré », qui englobe les écoles primaires supérieures, les collèges, les lycées, l’intense scolarisation des années 1945-1950 appelle donc des réponses d’ensemble, spécifiques, immédiates en matière de recrutement des maîtres. Gustave Monod et ses conseillers mirent en place un nouveau mode de recrutement des professeurs certifiés des lycées et des collèges : le CAPES, certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement du second degré (décret du 1er avril 1950). Il s’agissait de leur proposer une formation pédagogique complémentaire. « Après une première sélection, portant sur les aptitudes générales des candidats à la carrière de professeurs, ils effectuaient un stage dans un poste d’enseignant comportant au moins six heures d’enseignement et une étude surveillée. Au cours de la deuxième année de stage, les candidats subissaient les épreuves pratiques en présence des élèves. Ce stage, qui apportait avec l’aide d’un conseiller pédagogique, professeur chevronné, la formation en situation face aux élèves représentait une réelle nouveauté. » 62 Dans l’esprit de Gustave Monod, c’est cependant toujours l’agrégation qui constitue le sommet de la hiérarchie enseignante, celui qui confère, à l’enseignement secondaire, son unité et sa légitimité. C’est par l’agrégation que s’opère « …la convergence des différentes formes du système secondaire français » 63. Elle est, disait Jean Zay en 1937, « …la clef de voûte de notre enseignement » 64. C’est pourquoi il autorise, en 1948, l’École normale supérieure de Saint-Cloud à ouvrir une quatrième année, à l’intention de certains de ses élèves qui veulent passer l’agrégation. « L’ administration de l’École était gagnée au projet. Gustave Monod, directeur du second degré au ministère, y est, lui aussi, favorable (…) » 65. Le ministre, Marcel-Edmond Naegelen, ancien élève de l’École, donne son accord. «Saint-Cloud a désormais sa place à côté de la rue d’Ulm comme l’un des grands centres de préparation au concours. » 66 L’officialisation attendra encore huit ans.

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