Gustave Monod - Une nouvelle idée de l'école

Une certaine idée de l’école 56 Louis Cros (sld), Un pionnier en éducation : Gustave Monod - les classes nouvelles de la Libération, hommage collectif rendu par Georges Canguilhem, Jean Delannoy, Jean Ferrez, Louis François [etc], Comité universitaire d’information pédagogique, Paris, CUIP-CEMEA, 1981, p. 104 57 Idem, p.178 58 Jean-Michel Chapoulie « Entre le lycée d’élite et le lycée de masse. Paul Langevin, Gustave Monod et les réformes de l’enseignement secondaire de 1936-1939 et 1944-1951 » in Pierre Caspard, Jean-Noël Luc et Philippe Savoie (sld), Lycées, lycéens, lycéennes. Deux siècles d’histoire. Lyon, INRP, 2005, pp. 156 - 157 76 Gustave Monod Gustave Monod institue également dans les lycées les « conseils intérieurs » dont le rôle devait avant tout être éducatif : « Je rappelle que la tâche essentielle du conseil intérieur est d’aménager le milieu scolaire de telle manière qu’il exerce sur les élèves une action éducatrice positive. » (Circulaire du 16 novembre 1944). Gustave Monod préconise le travail par équipe, et non le simple travail par groupe : « Le groupe risque de devenir troupeau sous la conduite de deux ou trois meneurs. L’équipe au contraire suppose coopération et donc division du travail avec responsabilité distribuée et possibilité pour chacun de mettre sa marque sur l’œuvre de tous. » 56. Louis Cros commente ainsi ce projet : « Ces mesures d’ordre administratif et quantitatif étaient pour lui indissociables de la réforme quantitative et pédagogique des études. A ses yeux, un enseignement secondaire de masse impliquait nécessairement une pédagogie rénovée, fondée sur la coopération des maîtres, parents et élèves, associant aux activités de l’école celles de la vie et s’appuyant sur elles. La création des conseils intérieurs des lycées tendit à favoriser cette coopération. Avec les classes nouvelles, Gustave Monod voulut davantage ; il aspirait à un enseignement secondaire qui ne se bornât pas à la distillation d’une élite restreinte d’esprits brillants, mais qui fasse mûrir en chacun, selon son rythme et ses tendances propres, la totalité des valeurs intellectuelles et manuelles, esthétiques et pratiques, sociales et morales, qui font l’homme complet et le citoyen éclairé. » 57 Une caractéristique essentielle des « classes nouvelles » fut – dès avant et tout au long de leur mise en œuvre – le souci de la concertation entre les enseignants et entre ceux-ci et l’administration organisatrice. Des « stages », notamment ceux organisés au « Centre international d’études pédagogiques » créé dans cette intention en furent au niveau national le principal instrument. La circulaire de mai 1952 mettra définitivement fin à « l’expérience » des classes nouvelles en l’étendant à tout l’enseignement français. Gustave Monod restait à la fois très attaché aux classes nouvelles et, jusqu’à la fin de sa vie, mécontent de ce qu’il nomma leur « échec ». Sans doute les résistances de l’administration avaient-elles conduit à étendre l’expérience sans leur donner, vraiment, les moyens qu’il aurait fallu. Sans doute la nécessaire adhésion des familles avait-elle, parfois, manqué. Peutêtre enfin le travail commun que Gustave Monod appelait de ses vœux entre enseignants, entre enseignants et familles, entre enseignants et encadrement du système éducatif, était-ce trop demander en ces temps difficiles de l’immédiat après-libération ? Toujours est-il que l’élan avait été donné. C’est bien la prise en compte de l’accroissement de la durée de la scolarisation qui est à la base de ces idées et de ces réformes. Si Gustave Monod demeure fidèle, dans le fond, à un mode d’enseignement destiné à l’élite, mais rénové et qu’il veut ouvrir aux meilleurs de toutes les catégories sociales, une nouvelle période s’ouvre néanmoins qui conduira vers l’« enseignement de masse », terme qu’il n’employa jamais. Fin d’une époque, début d’une autre ? Sans doute. 58 Travail dirigé dans une classe de 6e nouvelle, lycée expérimental de Sèvres

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