Gustave Monod - Une nouvelle idée de l'école

Une certaine idée de l’école 26 Antoine Prost (sld), Jean Zay et la gauche du radicalisme, Paris, Presses de la Fondation nationale des Sciences politiques, 2003, p. 251. Le chapitre 12 est consacré aux instructions de 1938. 27 Antoine Prost (sld), op. cit., p. 195 28 Idem, p. 197 29 Idem, p. 208 40 Gustave Monod Les instructions ministérielles de 1938 constituent un temps fort de la politique de Jean Zay et, partant, du travail de Gustave Monod. 26 Ces instructions, fruit d’un travail collectif auquel le ministre participera lui-même, associent Marcel Abraham, directeur du cabinet, Albert Chatelet, directeur de l’enseignement du second degré, et Gustave Monod. « Il s’agit d’un projet pédagogique global (…) parce qu’il porte à la fois sur le premier degré et sur le premier cycle du second» et que les instructions «…valent à la fois pour les lycées et collèges et pour les écoles primaires supérieures (EPS) et pour les cours complémentaires (CC). » 27 La séparation entre l’enseignement « long » et l’enseignement « court » est dépassée au profit d’une cohérence d’ensemble qui porte, qui plus est, sur toutes les matières. Tout l’esprit de ces instructions est inscrit dans leur préambule, où l’on reconnaîtra la marque de Monod : « ce qui donne à l’enseignement du second degré son caractère original (…) ce qui lui confère une unité profonde et organique, que marque la coordination des programmes, c’est qu’il vise à former l’esprit (…) et à (…) donner une culture générale. Son rôle est moins de les pourvoir d’un bagage de connaissances utiles que de favoriser le libre et complet développement de leurs facultés (…) en développant chez eux tout ce qui fait l’excellence de l’homme : l’intelligence, le cœur, le caractère, le sens moral, le goût du beau. C’est par cet objet et pas seulement par son contenu que doit se définir un enseignement humaniste ». 28 Cet enseignement de culture, qui se fixe deux priorités : savoir s’exprimer et savoir observer, fait toute sa place à une pédagogie nouvelle et les instructions de 1938 introduisent dans les programmes des « activités dirigées » à raison de trois heures par semaines dans le primaire. Les « classes nouvelles » de la Libération en seront comme un lointain écho. Substituer aux cloisonnements disciplinaires des regroupements par activités, faire appel à l’initiative du maître, qui mesure, dirige et contrôle le travail des élèves, développer des exercices – notamment en histoire et en géographie – où les élèves apprennent à travailler ensemble, avec une progression des exercices dans le temps. Savoir et attitudes, au moins autant que connaissances : ne peut-on penser au « socle commun de connaissances et de compétences » du décret du 11 juillet 2006 ? Pour autant, si l’élève devient « …acteur de sa propre formation en même temps que son sens social se développe » 29, « …les instructions de 1938 marquent (…) très nettement les limites qu’il convient d’apporter à la spontanéité des élèves » et l’on reconnaîtra aussi Gustave Monod lorsqu’elles mentionnent qu’il importe que l’élève « … soit convaincu de la nécessité indispensable du travail, non seulement du Albert Châtelet, en habits de recteur, tableau d’Édouard Selmy, 1933

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