Gustave Monod - Une nouvelle idée de l'école

Une certaine idée de l’école 23 Gustave Monod, « Le régime de l’Enseignement par M. Monod », École nationale d’administration - Stage en France des fonctionnaires des puissances signataires du traité de Bruxelles, Conférence du 24 octobre 1950, archives du CIEP 24 Idem 32 Gustave Monod Gustave Monod mesurait l’ampleur des problèmes quantitatifs et administratifs qui allaient se poser : construction d’établissements, création d’emplois. Il savait aussi qu’ils étaient indissociables des problèmes qualitatifs pédagogiques : ceux concernant la formation des enseignants et la nature de l’enseignement qu’il fallait désormais dispenser, au niveau secondaire, non plus seulement à une élite restreinte, mais à la totalité des enfants et adolescents de chaque génération. Adapter l’enseignement du second degré à la diversité nouvelle des élèves et de leur destin, c’était précisément l’objet des classes novatrices que Gustave Monod voulut mettre en œuvre. Jean Zay, ministre de l’Éducation nationale du Front populaire établit, par la loi du 9 août 1936, la scolarité obligatoire jusqu’à quatorze ans et la nécessité d’obtenir le certificat d’études à onze ans pour être admis dans le secondaire. C’est la plus grande réforme depuis Jules Ferry et la gratuité et l’obligation de l’école primaire, en 1882. La Troisième République n’avait pas créé l’enseignement primaire, mais en avait fait un service public ; le Front populaire entend promouvoir l’unité de l’enseignement primaire et de l’enseignement secondaire, un enseignement diversifié, individualisé, qui fait une large place à l’observation et à l’expérimentation. Dans le même temps, la réorganisation du ministère, en intégrant les écoles primaires supérieures (et leurs enseignants) au monde des lycées et des collèges, ouvrait la voie d’une réforme possible. C’est pour appliquer cette politique, dans l’esprit des « Compagnons de l’Université nouvelle », et en finir avec le cloisonnement des « ordres » de l’enseignement que Gustave Monod est nommé adjoint à titre temporaire au directeur de l’enseignement secondaire et qu’il prend en charge l’étude de la coordination des enseignements du second degré et d’un nouvel aménagement des horaires et des programmes (arrêté du 8 janvier 1937). Chargé de mission auprès du recteur de l’Académie de Paris et du directeur de l’enseignement secondaire pour les questions concernant l’organisation de l’enseignement du second degré, il a rang et prérogatives d’Inspecteur général de l’Instruction publique (décret du 7 octobre 1937). En cette qualité, il est le principal animateur de la création par le ministre Jean Zay des « classes d’orientation ». Les classes d’orientation de la période 19371939, au nombre d’une vingtaine, groupaient 25 élèves, on y pratiquait les méthodes « actives ». Tout l’état major qui, plus tard, entoura Albert Châtelet était déjà à pied d’œuvre, en particulier Georges Condevaux, Roger Gal, Alfred Weiler. Les classes d’orientation n’ont été ouvertes que pour deux ans. Par une lettre du ministre Jean Zay aux recteurs, en date du 20 mai 1939, Gustave Monod est chargé d’une dernière mission, dans les centres scolaires où existaient des classes d’orientation, pour tirer les leçons de cette expérience nouvelle. Les classes d’orientation « Dès avant 1939 et la Commission Langevin, nous avions conçu des classes d’orientation, des classes indifférenciées où les enfants étaient tous reçus en masse, soumis à un certain nombre d’épreuves et d’observations. Au bout d’un certain temps, on pouvait dire à la famille : “ Vous feriez mieux de faire faire à cet enfant ceci ou cela.” Je ne prétends pas que l’on fasse de l’orientation au sens objectif et scientifique du mot, comme si l’on avait repéré chez l’enfant telle ou telle aptitude incontestable, mais je prétends que cette orientation, conseillée, fondée sur des observations, des expériences, est certainement meilleure que celle que le hasard ou une indication du concierge peut donner à l’entrée en sixième. » 23 « Les classes d’orientation étaient caractérisées par la multiplicité des options offertes aux élèves, disciplines intellectuelles (lettres et sciences), mais aussi enseignements techniques qui devaient être offerts avec le même sérieux, la même gravité que les premières. (…) » 24

RkJQdWJsaXNoZXIy MTQ2OTc0Mw==