Gustave Monod - Une nouvelle idée de l'école

Un précurseur des réformes : au service de l’enseignement Selon les propos même de Louis Cros, Gustave Monod fut le premier à mettre en œuvre, en France, un projet de réforme scolaire où l’expérience précédait la législation. Dès son retour du front, c’est à la fois à l’enseignement et à sa réforme qu’il se consacre, comme si l’un et l’autre étaient indissociables pour lui. « Administrateur, restant en contact par tous les moyens avec la vie quotidienne de la classe, il a semé ses idées dans des centaines de circulaires, (…) entretiens, conférences, réunions de commission, présidences de stage, de toutes sortes. » 9 Parallèlement à ses activités d’enseignement, Gustave Monod s’engage en effet dans une grande œuvre civique avec les « Compagnons de l’Université nouvelle » qui mettent en avant la nécessité d’une réforme complète de l’enseignement. Cette organisation, créée le 10 octobre 1918, constituée d’universitaires qui s’étaient connus dans les tranchées, a joué un rôle très important dans l’élaboration et la propagation des idées de modernisation et de démocratisation de l’enseignement. Le « noyau dur » de cette organisation abrite en son sein une grande partie des amis de Gustave Monod : Paul Langevin, Henri Wallon, principaux acteurs des réformes à venir. Le manifeste des « Compagnons de l’Université nouvelle », publié dès 1918, contient les principaux éléments de la réforme : la nécessité de donner à tous les Français la même formation de base ; la nécessité d'élever le niveau général d'instruction et donc de prolonger une école unique (école primaire) jusqu'à 14 ans ; la dernière année de l'école unique devenant une année d'orientation. Les « compagnons » revendiquent l’idée d'une sélection par le mérite scolaire et non plus par l'argent. Ils soutiennent la gratuité du secondaire, alors payant. « Nous voulons réaliser la réforme universitaire, le pays en a besoin. Qui peut, qui doit le faire ? Ce n’est pas l’État, car il est débordé ; c’est aussi et surtout le corps enseignant, appuyé sur toute la nation. (…). Il ne faut pas seulement que l’enseignement s’adresse à tous, il faut encore qu’il fasse appel à toutes les facultés. Le corps et le caractère ne doivent pas être plus négligés que l’intelligence. Il faut faire des hommes, non des cerveaux ou des machines. » 10 Les travaux des « Compagnons de l’Université nouvelle » représentent sans conteste une source d’inspiration des réflexions et instructions ministérielles de l’entre-deuxguerres, de la résistance et du plan LangevinWallon de 1944 mais aussi de nombreux plans, Une certaine idée de l’école 9 Jacqueline Cambon, Richard Delchet et Lucien Lefèvre, Anthologie des pédagogues français contemporains, Paris, Presses universitaires de France, 1974, p. 289 10 Manifeste des Compagnons de l’Université nouvelle, Les Cahiers de Probus, n°1, oct. 1918, Paris, Librairie Fischbacher. Cité dans Paulette Armier, Le Centre international d’études pédagogiques de Sèvres et l’enseignement en France de 1945 à 1975, thèse sous la direction de M. le professeur Snyders, Université Paris V Sorbonne, 1983, p. 12 24 Gustave Monod L’ Université nouvelle, 1919

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