Gustave Monod - Une nouvelle idée de l'école

Une certaine idée de l’école 74 Gustave Monod 52 Jean-Michel Chapoulie « Entre le lycée d’élite et le lycée de masse. Paul Langevin, Gustave Monod et les réformes de l’enseignement secondaire de 1936-1939 et 1944-1951 » in Pierre Caspard, Jean-Noël Luc et Philippe Savoie (sld), Lycées, lycéens, lycéennes. Deux siècles d’histoire, Lyon, INRP, 2005, pp. 153 - 154 53 Bulletin officiel, n° 42, du 20 août 1945, Enseignement du second degré, p. 3027 54 Jean-Noël Luc et Alain Barbé, Des Normaliens. Histoire de l’École normale supérieure de Saint-Cloud, Paris, Presses de la Fondation nationale des Sciences politiques, 1982, p. 201 55 Idem, p. 201 Le fonctionnement des classes nouvelles se fonde sur quatre principes : une orientation positive, une équipe éducative, une éducation active et un enseignement global. Les « méthodes actives » modifient profondément le statut de l’élève au sein de la classe : il devient avant tout acteur plus qu’auditeur ou que spectateur, dans l’esprit retrouvé des instructions ministérielles de 1938, du temps de Jean Zay. Cette expérience a un caractère à la fois profondément révolutionnaire et visionnaire. À une pédagogie où le savoir est reçu passivement, Gustave Monod veut substituer une pédagogie active – c’est l’expression que l’on retiendra de « méthodes actives », souvenir de l’École des Roches - qui sollicite davantage la créativité, l’initiative et la collaboration des élèves : une pédagogie plus ouverte, moins strictement livresque, incitant les élèves à explorer le milieu environnant, à visiter les lieux où s’accomplit la vie de chaque jour. Il demande qu’on laisse aux élèves la possibilité de faire ensemble certains travaux, que l’on s’efforce de réduire la dichotomie entre le travail manuel et le travail intellectuel par l’introduction dans les cours de séances de travail de type artisanal. Dans le dessein de permettre un meilleur brassage social des élèves, Gustave Monod rend le latin facultatif dans les classes nouvelles. Dans le même esprit, l’enseignement était aussi bien assuré par des instituteurs, des professeurs de l’enseignement technique et du secondaire, sans que les rattachements disciplinaires ne fussent toujours respectés : les lettres, enseignées par un seul et même enseignant, les sciences aussi. Nouvelle répartition des services. Concertation entre enseignants et avec les familles. C’est par voie de conséquence vers un établissement de type nouveau qu’on s’achemine également, parce que Gustave Monod porte, sur le lycée de l’époque, un jugement sévère. 52 Le préambule de la circulaire du 20 août 1945 sur la « nouvelle sixième », dont la rédaction doit beaucoup à Gustave Monod, s’achève sur ces phrases qui n’ont pas pris une ride : « …ce n’est pas seulement l’individu qui doit bénéficier de cet effort pour l’élever et l’enrichir, c’est aussi la société. L’enseignement du second degré (…) cherche à lui trouver dans la vie sociale la fonction à laquelle il est le mieux adapté. Par ses fins dernières, l’enseignement du second degré est professionnel au sens large du mot ». 53 C’est aussi l’esprit de « …la grande rénovation scolaire inspirée par la commission LangevinWallon de 1945 et concrétisée dans le second degré par l’expérience des « classes nouvelles » 54 que des services pédagogiques de pointe sont créés, pour articuler fortement l’enseignement, la recherche et la pédagogie, à l’École normale supérieure de Saint-Cloud. Elle est alors à la fois l’héritière et le sommet de l’ordre primaire, en voie de transformation en École normale supérieure préparatoire à l’enseignement du second degré : « …l’École de Saint-Cloud était bien présente au nouveau rendez-vous historique de la pédagogie et de la France 55». Les années qui suivirent montrèrent que ce travail était nécessaire. Il l’est toujours. Dès octobre 1945, des « 6es nouvelles » sont ouvertes dans 140 établissements. Les 5es, les 4es et les 3es nouvelles suivent d’année en année. Méthodes actives : l’élève devient acteur, lycée pilote de Sèvres

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