Gustave Monod - Une nouvelle idée de l'école

Inspection de Gustave Monod par Gustave Belot, à Marseille, le 16 novembre 1928 La 1ère supérieure où j’ai vu M. Monod a acquis à Marseille une certaine importance : elle compte aujourd’hui une trentaine d’élèves, exactement 32, dont 6 jeunes filles (…). Je ne sais si l’ampleur actuelle de cette classe doit être mise à l’actif de M. Monod, car il y a roulement entre lui et les deux collègues, pour la diriger. En tous cas, il la gère parfaitement, et d’après les échos qui me sont revenus de source bien informée, c’est lui, qui des trois, a le plus de crédit auprès des élèves, quelles que soient les très estimables qualités des deux autres. La leçon que j’ai entendue portait sur un sujet vraiment difficile : l’invention. Elle était remarquablement préparée, bien que mon inspection qui commençait quelques heures après mon arrivée ne pût être prévue. M. Monod y utilisait, avec une documentation personnelle et originale, les travaux les plus récents (Delacroix, P. Valery…). Il y faisait parfaitement sentir la portée philosophique de la question, et, bien que sur un tel problème on ne peut s’attendre à des conclusions extrêmement précises, les élèves se trouvaient finalement, en présence d’une pensée riche, substantielle, suggestive ; ils en recueillaient d’ailleurs l’essentiel avec une attention remarquablement soutenue. Voilà un enseignement vraiment au niveau de ce qu’on peut demander dans une telle classe. M. Monod, grand mutilé de guerre et qui a du prendre en 1925-1926 un congé de santé (des collègues se sont alors partagés son service) souhaiterait voir son service allégé. Il va jusqu’à offrir de reverser le montant des heures dont il serait déchargé (par exemple en mathématiques). Je lui ai fait comprendre l’impossibilité d’une telle combinaison, dont je ne fais mention que pour montrer la sincérité et le désintéressement de Monod. Mais ne serait-ce pas justice de lui appliquer le traitement qui a été admis ailleurs et dont le principe avait été posé ; que dans les classes de préparation aux grandes écoles, qui exigent une préparation laborieuse, 4 heures fussent comptées pour 6, et le maximum abaissé d’autant ? Si, à l’occasion de l’ouverture du nouveau lycée Périer, la question d’une 4e chaire de philosophie se posait, peut-être trouverait-on les moyens d’améliorer la situation ? Une certaine idée de l’école 22 Gustave Monod Gustave Monod et ses collègues, lycée Saint-Charles, Marseille, 1927

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