Gustave Monod - Une nouvelle idée de l'école

Un professeur exemplaire : au service des élèves Gustave Monod mène une carrière exemplaire. Ses différents rapports d’inspection en témoignent. Il ne cesse de progresser. Il est très vite reconnu par ses pairs. Il enseigne dans de nombreuses régions et dans des lieux très différents, exemple de mobilité professionnelle et géographique d’ailleurs assez fréquent à l’époque, pour les professeurs agrégés. Dans la suite de sa longue carrière, même lorsqu’il a occupé de hautes fonctions administratives, il ne s’est jamais coupé de sa mission première et de sa passion première : enseigner. En 1919, il reprend sa carrière de professeur de philosophie. Il enseigne à Toulon, à Avignon puis à Reims d’octobre 1919 à octobre 1921. Il est ensuite nommé à Tours, d’octobre 1921 à octobre 1923, puis à Marseille de 1923 à 1932 où il assume la charge de préparer les élèves au concours de l’École normale supérieure. Gustave Monod était très apprécié par ses élèves qui le considéraient comme un maître. Éducateur ferme, éclairé et exigeant, il concevait et délivrait un enseignement à la fois très classique et de plain-pied avec la réalité de son temps, dicté par un sens social très aigu. Il disait à ses élèves : « Il y a deux façons de faire une dissertation : la faire ou s’en défaire. Vous avez l’obligation de faire votre dissertation, d’aller jusqu’au bout de votre effort, car socialement parlant, vous êtes stériles. Vous ne produisez rien, là où beaucoup de jeunes gens de votre âge gagnent déjà leur vie, comme apprentis. Vous devez mettre dans votre travail scolaire l’équivalent de la peine que leur coûte leur travail manuel. » 6 Après Marseille, Gustave Monod rejoint ensuite Paris pour des raisons de famille. Il est nommé au lycée Michelet en octobre 1932 et y restera jusqu’en septembre 1933. Son passage par la khâgne de Marseille, à la fin des années vingt, fait de lui un relais en province de la pensée du philosophe Alain, même si Gustave Monod appartient plus aux lecteurs des Libres propos et des Propos sur l’éducation qu’ « …au cercle des disciples inconditionnels » du philosophe 7. Mais qui connaît Monod comprend qu’il ne pouvait être inconditionnel. L’enseignement dans les classes préparatoires représente «…un tremplin pour le philosophe (…) dont la carrière est une synthèse de deux des fins de carrières possibles pour un [professeur] de khâgne : l’Inspection générale ou l’administration centrale, les deux filières étant comme dans le cas de Gustave Monod étroitement liées et parfois précédées d’un passage par les cabinets ministériels ». 8 Une certaine idée de l’école 6 Témoignage de Roger Millieix, élève de Gustave Monod dans les années trente à Marseille. Extrait de l’Allocution de M. Roger Millieix, directeur du Centre culturel français de Nicosie, 20 mars 1969 (Archives nationales, F / 17 / 17776) 7 Jean-François Sirinelli, Génération intellectuelle. Khâgneux et normaliens dans l’entre-deux-guerres, Paris, Fayard, 1988, p. 442 8 Idem, p. 107 18 Gustave Monod Préparation à l’École normale supérieure de Sèvres, lycée de Versailles, 1937

RkJQdWJsaXNoZXIy MTQ2OTc0Mw==