Le CIEP et son histoire

Le CIEP et son histoire

Le CIEP et son histoire

2 Les bâtiments qu’occupe le CIEP datent du milieu du XVIIIe siècle et leur aspect extérieur est resté le même jusqu’à nos jours. En 1756, à l’initiative de Madame de Pompadour, Louis XV fait construire la Manufacture royale de porcelaine de Sèvres. Jusqu’en 1876, date du transfert en bord de Seine, elle réussit à traverser les siècles et les régimes politiques. De la fin du XIXe siècle jusqu’en 1940, les locaux abritent l’École normale supérieure destinée à former des professeurs femmes. Cette institution permet notamment à Marie Curie d’enseigner la physique aux jeunes filles. En 1945, le Centre international d’études pédagogiques succède à l’École normale supérieure. En guise de sommaire Quelques dates 1756 – 1876 Manufacture royale de porcelaine de Sèvres 1881 – 1940 École normale supérieure de jeunes filles 1945 – à nos jours Centre international d’études pédagogiques

Manufacture royale de porcelaine de Sèvres École normale supérieure de jeunes filles Centre international d’études pédagogiques

4 Entre Paris et Versailles Le bâtiment est situé au creux du vallon de Sèvres entre Paris et Versailles. Pour aller du Louvre à Versailles, il fallait traverser le bourg d’Auteuil jusqu’à la plaine de Boulogne, puis aller à la boucle de la Seine. Les voitures empruntaient le pont, passant ainsi l’île Dauphine. Du pont, on apercevait Brimborion et son portique de verdure qui se prolongeait vers Meudon. Au-delà des coteaux et terrasses se dressait le château de Bellevue, demeure de Mme de Pompadour. Donnant sur la ville de Sèvres, en contrebas du château, se trouvait la Verrerie puis la silhouette d’une demeure austère, la ferme de la Guyarde. Sise en bordure du chemin de Bellevue, le domaine de la Guyarde s’étendait jusqu’à la route de Versailles. Entre ces deux voies, les terres étaient constituées d’un petit vallon au fond duquel coulait un ruisselet, le rû Marivel. Manufacture royale de porcelaine, Constant Troyon (1826) Carte des Lieux-dits vers 1780

Vue du château de Bellevue, Jean-Baptiste Rigaud Plan du chevalier de Lespinasse (1779) Plan de construction de la manufacture (1753)

6 Le bâtiment La batisse est longue de 130 m de long et haute de 4 étages, d’une ordonnance toute classique. Le pavillon central est surmonté, à l’étage des combles, d’un fronton sans sculpture orné de l’horloge de l’ancienne Verrerie royale. Les extrémités de la façade sont terminées par deux pavillons d’angle. Le pavillon central est précédé d’une cour dite du public entourée d’une grille en fer forgé. En vis-à-vis est aménagée une vaste demi-lune pour y garer les carrosses des visiteurs. Manufacture royale de porcelaine, Michallon (eau forte) Façade de la manufacture côté jardin

Le rez de chaussée du bâtiment contenait les réserves de terres, le bûcher, les dépôts de matière première. Le premier étage comprenait les ateliers pour les mouleurs pour « la plâterie, la sculpture et la gravure ». Un long couloir permettait la circulation entre les différents services et les fours, dominés au sud par une terrasse. Au deuxième étage, travaillaient les sculpteurs, tourneurs, réparateurs, et garnisseurs. Au-dessus, sous les combles très ensoleillés, travaillaient les peintres, doreurs, animaliers et figuristes.

Motifs historiques par César Daly, grille 1888 L’entrée principale Lorsque la Marquise de Pompadour obtint du roi Louis XV le transfert de Vincennes à Sèvres de la Manufacture royale de porcelaine, elle arrêta son choix sur la ferme de la Guyarde, propriété située non loin de son château de Bellevue. Cette ferme fut entièrement démolie pour permettre, entre 1753 et 1756, la construction par l’architecte Lindet des bâtiments actuels. Face à la Grande Rue de Sèvres se trouvait l’entrée principale, précédée d’une cour, fermée par une haute grille de fer forgé. Dans une loge, aujourd’hui disparue, à droite du vestibule, se tenait un portier en livrée royale, véritable cerbère qui veillait à ce qu’aucun étranger ne s’introduisît dans les locaux où l’on procédait à la fabrication et à la décoration des pièces. Entrée principale 8

Madame de Pompadour - 1721-1764 La Marquise de Pompadour, née Jeanne Antoinette Poisson, est une femme d'un goût exceptionnel qui a joué un rôle de mécène pour les écrivains et les artistes de son temps. Devenue la favorite du roi, elle est aussi sa conseillère. Elle s’intéresse très tôt à la fabrication de la porcelaine. Éprise des fines productions de la Manufacture — fleurs, figurines, petits vases décorés — elle en ornait tous les salons de ses résidences. On créa même pour elle la nuance rose Pompadour. État des avances faites par M. de Verdun, l’un des interessés dans la Manufacture Royale de Porcelaine, concernant l’acquisition du château de la Guyarde destiné à l’emplacement de la Manufacture à Sèvres.

Alexandre Brongniart présente à Louis XVIII les productions de la manufacture, Charles Develly (1816-1819) Les deux escaliers De l’entrée principale partaient les deux escaliers qui, encore aujourd’hui, se développent côte à côte, l’un jusqu’à la salle d’exposition et de vente située au 2ème étage, dite Grande Bibliothèque, l’autre jusqu’aux combles où se situaient les ateliers largement éclairés des artistes. L’escalier d’honneur était naturellement celui des clients. Agrémenté de fenêtres sur la façade, il n’offrait aucune vue ni aucune porte sur l’intérieur du bâtiment : on protégeait ainsi le secret de la fabrication des pièces. La clientèle des riches visiteurs de la Manufacture l’empruntait pour accéder au magasin de vente. 10

Les ouvriers sont dans l’ensemble satisfaits de leur sort. Ils sont peu payés, mais apprécient la sécurité de leur emploi. Ils jouissent d’avantages enviés mais ils doivent satisfaire à des obligations très strictes, imposées par les arrêts royaux. Ils ne peuvent « quitter la Manufacture avant d’avoir averti six mois à l’avance, et avoir obtenu la permission par écrit, signée du directeur, à peine de cinq cents livres d’amende ». Enfin, défense leur est faite « de travailler de leur art pour une autre Manufacture de porcelaine à peine de mille livres d’amende et de plus grandes peines, s’il y échet. »

12 Sous le protectorat du Roi Louis XV, la manufacture de Vincennes devient « MANUFACTURE ROYALE DE SÈVRES » dont les milliers de pièces qui y furent fabriquées portent chacune sous le fond, placée au centre des 2 « L » entrelacés (monogramme du Roi) une lettre correspondant à l'année de sa fabrication. Ce marquage alphabétique commence avec le « A » en 1753. Après le « Z » de l'année 1777, les lettres sont doublées, jusqu'en 1793. La fabrication de la porcelaine est d’invention chinoise et remonte au Xème siècle. Sa qualité était due notamment à l’argile blanche dite en chinois : kao(haut) – ling (colline). « Bleue comme le ciel, mince comme du papier, brillante comme un miroir » Pendant les premières années, on ne fabriqua que de la porcelaine tendre, matière artificielle découverte à Florence au XVIe siècle et qui a le grand défaut de se rayer facilement. Böttger, chimiste de Saxe, découvrit par hasard, dit-on, en 1705, le secret de la porcelaine dure de Chine : soulevant un jour sa perruque et la trouvant plus lourde qu’à l’ordinaire, il apprit de son domestique qu’elle avait été poudrée avec une substance provenant des environs d’Aüe. Celle-ci s’avéra proche du kaolin chinois. Le secret de Saxe fut très bien gardé et ne fut connu en France qu’en 1763 grâce aux travaux menés à Sèvres par Pierre-Antoine Hannong. Ce n’est qu’avec la découverte des carrières de kaolin de Saint-Yrieix, près de Limoges, en 1767, que l’académicien chimiste Pierre-Joseph Macquer put produire à Sèvres, à partir de 1769, une remarquable porcelaine dure. Le secret de la porcelaine dure Pot pourri Pompadour

La porcelaine dure Elle est considérée comme étant la véritable porcelaine, composée majoritairement de kaolin. Basé sur le principe de la porcelaine de Meissen (Saxe), le secret de sa composition fut acheté par la manufacture de Sèvres à Pierre Antoine Hannong en 1763 et utilisé dès 1769. Mise au point par Pierre Joseph Macquer, elle doit son existence à la découverte du kaolin de Saint-Yrieix en 1767. Sa composition riche en kaolin, puisque sa teneur s'élève à 70 %, donne à la pâte cuite un blanc plein, nourri et généreux, tirant vers les tons chauds. Le « bleu de Sèvres » est un bleu cobalt, nommé au XVIIIème siècle Bleu royal, mis au point sur la porcelaine dure entre 1770 et 1775. L’amour caressant la beauté se joue de la fidélité (1796) Le biscuit Il désigne une porcelaine blanche, sans vernis, d'aspect semblable au marbre, utilisé par plusieurs fabriques européennes vers le milieu du XVIIIe siècle pour la fabrication de statuettes, généralement inspirées des modèles classiques. Dans la seconde moitié du siècle, en France, se répandirent de délicates compositions en biscuit représentant des scènes galantes et pastorales. La peureuse par Boizot (1789)

14 Sculpteur, académicien, Falconet donna un élan nouveau aux créations sculptées en utilisant la technique des biscuits de porcelaine tendre mise au point par les artisans de la Manufacture. L’influence de Boucher prévaut dans ses sculptures. Louis Réau écrivait : « Les modèles sculptés de l’artiste constituent comme un journal sculpté du théâtre et de la mode entre 1756 et 1766 et sont certainement les documents les plus évocateurs de la vie parisienne au temps de Louis XV » . Étienne-Maurice Falconet - 1716-1791 La nymphe, par Falconet (1761) La salle d’exposition devenue Grande Bibliothèque La salle d’exposition et magasin de vente était un salon aux portes sculptées en plein bois, couronnées de guirlandes qui encadraient le médaillon du roi et les armes de France. Madame de Pompadour venait souvent y vendre elle-même les productions de la Manufacture qu’elle protégeait. Les œuvres étaient exposées dans les vitrines, à l’exception des créations récentes, mises à part dans une réserve pour Louis XV. Le plus connu des artistes fut Étienne Falconet (1716-1791) à qui la Marquise de Pompadour confia en 1757 la direction des ateliers de sculpture. C’est sans nul doute à lui qui a composé tous les sujets dont de nombreux modèles de biscuits, à Bachelier, chargé de la décoration, et à Duplessis, chargé des dessus de formes, que la Manufacture est redevable de son développement et de sa renommée.

Motifs historiques par César Daly (style Louis XV, vitrine du musée) Léda par Falconet d’après Boucher (1764) Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers (édition 1769)

16 Le pavillon Lulli De l’ancienne propriété de la Guyarde — qui passe pour avoir été, au XVIIe siècle, la maison des champs du musicien Lulli, il ne reste pour seul vestige que le pavillon carré qui domine la cour d’honneur et dont les escaliers donnent accès au jardin. L’acte de vente de 1750 fait mention d’un pavillon de « forme carrée couvert d’ardoises » appelé « l’Opéra ». Dans des actes antérieurs, il est désigné sous le nom de la « Chapelle ». En 1756, le pavillon sert de château d’eau. Il est resté dans le même état qu’à l’époque où Madame de Pompadour choisit d’installer la Manufacture sur la propriété. Motifs historiques par César Daly, Pavillon Lulli Divertissement impromptu

18 Lieu-dit « Quinconce des porcelaines du roi » : route pavée aménagée face à la porte royale. C’est sur cet emplacement que se sont déroulées les fêtes révolutionnaires. Charles Develly, (1838) La « salle des gardes » Les appartements du roi occupaient l’angle du bâtiment à l’est de la cour d’honneur. Le roi pouvait de son salon gagner les ateliers par un escalier réservé à son seul usage ou se rendre directement à la chambre dans laquelle on mettait de côté pour lui les créations récentes. Dans le même corps de bâtiment se trouve ce que l’on appelait la « salle des gardes » : associés et artistes y attendaient le roi. Sur la gauche se trouvait, d’après le duc de Luynes, une chapelle dont l’autel peut se voir de toutes les pièces de l’appartement du roi. La salle des gardes s’ouvrait sur l’entrée d’honneur, grande cour pavée fermée de la « grille du Roi ». Le 16 brumaire An II*, une société populaire fut créée par la plupart des artistes et ouvriers de la Manufacture, sous la direction de Battelier. Les assemblées se tenaient dans la salle des gardes ; la « cour du roi » devint la « cour de l’Égalité ». * (6 novembre 1793)

20 La cour du roi Une grille flanquée de deux petits pavillons, près de laquelle demeurait en permanence un portier vêtu de la livrée royale et un mur parallèle à la façade du bâtiment principal fermaient la cour du roi. Celle-ci donnait sur le chemin de Bellevue et les carrosses pouvaient y évoluer aisément. Elle est ornée d’une fontaine, due au ciseau d’Adam que Madame de Pompadour avait employé à la décoration de son château de Bellevue.

Vue de la Manufacture de Sèvres, dessin de F. Thorigny Façade de la cour Royale

22 Cour d’honneur La cour d’honneur L’actuelle cour d’honneur, située au deuxième étage, était appelée terrasse parce qu’elle était élevée par rapport à l’entrée. Elle était alors occupée de bâtiments divers : fours employés à la cuisson des pièces, hangars, magasins … En 1853, quelques tassements s’étant produits dans les bâtiments principaux, une enquête fut prescrite par Fould, ministre de la Maison de l’empereur. Ancienne Manufacture construite en 1753, J. Devicque

Alexandre Brongniart - 1770-1847 Savant français - physicien, médecin, chimiste, minéralogiste, zoologue, géologue, paléontologue. Administrateur de la Manufacture de Sèvres (1800-1847), il écrivit le célèbre traité des arts céramiques, publié en 1844. Il prépara le catalogue des œuvres du Musée de céramique qu'il avait créé en 1824. Cet établissement rassemble un extraordinaire ensemble d’objets céramiques de toutes époques et de toutes provenances. Les architectes officiels préconisèrent alors le transfert de la fabrique dans d’autres locaux. Toutefois de puissants étais furent posés en 1868 et la Manufacture ne déménagea en bord de Seine qu’en 1876. Les bâtiments abandonnés, puis rénovés en toute hâte, allaient accueillir quelques années plus tard la première École normale supérieure de jeunes filles. La Manufacture de Sèvres, située à côté du musée de céramique, continue de fabriquer encore aujourd’hui ses pâtes à porcelaine et ses émaux.

24 Au temps de l’École normale En 1880, une proposition de loi fut déposée par Camille Sée et ouvrit l'enseignement secondaire aux jeunes filles. Elle imposa la création d'une école destinée à former des professeurs femmes et Jules Ferry choisit de l'installer à Sèvres. Charles Le Cœur et son fils François seront successivement chargés de moderniser et d'adapter les bâtiments, tout en leur conservant leur cachet historique. Mettre les lieux en l'état constituait un travail considérable, qui s'étendit sur plusieurs années. A l'installation de l'Ecole normale supérieure en 1881, la cour d'honneur était encore remplie de bâtiments en démolition de l'ancienne Manufacture. Camille-Salomon Sée - 1847-1919 Convaincu de la nécessité de donner l’égalité dans l’instruction aux jeunes gens et aux jeunes filles, Camille Sée va livrer une âpre bataille parlementaire. C’est le 28 octobre 1878 qu’il dépose à la Chambre un projet de loi visant à organiser, sur le plan national, l’enseignement secondaire des jeunes filles. En dépit de l’opposition virulente des partis conservateurs, la « Loi Sée » triomphe. Elle est officiellement adoptée par le Sénat le 21 décembre 1880. Elle est complétée par la loi du 29 juillet 1881 instituant l’École normale des professeurs-femmes de Sèvres. Peu après, des lycées de jeunes filles pourront alors être créés en France. Madame Jules Favre et la 1ère promotion, 1881

École normale Le modèle est celui de la Normalschule à l'allemande où la notion de norme est fondamentale : il s'agit d'écoles devant servir de modèles pour les autres.

26 Le laboratoire Lucien Poincaré, professeur de physique (1894-1900), mena une campagne très active en faveur de l'enseignement expérimental. Ses successeurs, M. Langevin (1906-1931), M. Perrin (1900-1930), et bien sûr, Mme Curie (1900-1906), donnèrent à l'enseignement de la physique un développement considérable. Marie Curie venait de découvrir le radium lorsqu'elle fut nommée à Sèvres. Elle s'attacha tout de suite à l'Ecole, où elle introduisit en particulier des travaux pratiques. Son laboratoire se trouvait au deuxième étage des bâtiments et elle vint y donner régulièrement deux conférences d'une heure et demie chacune. Elle arrivait souvent chargée de paquets : de petits appareils improvisés qu'elle utilisait immédiatement avec ses élèves. Le nouveau laboratoire du lycée Marie Curie-Sklodowska - 1867-1934 Elle quitte la Pologne en 1891 pour venir à Paris s'inscrire en physique à la Sorbonne. Elle rencontre Pierre Curie en 1894, avec qui elle se marie un an plus tard. En 1898, avec son mari, elle annonce la découverte de deux nouveaux éléments : le polonium et le radium. En 1903, Pierre et Marie reçoivent le prix Nobel de physique. En 1911, ses travaux sur le radium et ses composés valent à Marie le prix Nobel de chimie. Elle crée l'Institut du radium en 1914, puis participe à la fondation de l'institut Curie. Elle meurt d'une leucémie résultant d'une trop grande exposition aux rayonnements.

Manipulation de chimie en 1928 Manipulation de physique en 1928

28 Vivre à l’École normale supérieure Les Sévriennes se réveillaient à cinq heures et de demie en été et à six heures et demie en hiver. Aucun chauffage n’était prévu dans les chambres. Les lampes à huile avaient été remplacées par des appareils à gaz qui s’allumaient du couloir et marquaient ainsi, avec des bruits d’explosion, l’heure du couvre-feu ou du réveil. En dehors des heures de conférence, les élèves devaient travailler dans les salles d’étude. À une demande de stores pour des chambres situées au midi, il fut répondu : « Si les instructions données par Madame la directrice sont observées, les élèves travaillent toute la journée dans les salles de classe ou d’étude et il n’y a pas lieu de les garantir contre le soleil dans des chambres où elles ne doivent passer que la nuit. » Stagiaire dans une classe du secondaire, lycée Le réfectoire

Les élèves rassemblées dans la bibliothèque pour la séance de rentrée, 16 octobre 1931 Une chambre d’élève en 1884

30 Le jardin japonais Les Sèvriennes toutefois pouvaient bénéficier de l'agrément d'un merveilleux jardin japonais, offert à l'École en 1925 par Albert Kahn. Banquier et mécène, il s'était donné pour mission de réconcilier les peuples du monde en favorisant rencontres et échanges. Jusqu'à sa ruine, en 1929, il finança des campagnes de prise de vues destinées à alimenter le fonds des « Archives de la planète », dirigées par Jean Brunhes, l'initiateur en France de la géographie humaine. L'espace Albert Kahn, à Boulogne, réunit les collections du mécène et offre au visiteur le plaisir de traverser successivement toute une variété de jardins (français, anglais, japonais, forêt bleue…) qui agrémentaient la propriété. Jardin japonnais vu par Mme Ling Su Hua, 1947

Albert Kahn - 1860-1940 Banquier, philanthrope, mécène anthropologue et idéaliste, Albert Kahn souhaitait pouvoir jeter les bases d'une paix universelle en oeuvrant pour la coopération et la communication internationale. Il est le promoteur de multiples projets : bourses de voyages « Autour dumonde », Société « Autour dumonde », Comité national d'études sociales et politiques, Centre de documentation, publications de périodiques.

32 Le CIEP aujourd’hui Au printemps 1945, le Centre international d’études pédagogiques est créé au lycée de jeunes filles de Sèvres pour contribuer à la rénovation de l’enseignement secondaire français, notamment dans la perspective de la formation d’enseignants pour les classes nouvelles. Il a en charge d’organiser « des échanges universitaires au cours desquels les professeurs étrangers seront initiés aux méthodes françaises d’éducation et les professeurs français instruits des expériences étrangères ». A l’issue de la seconde guerre mondiale, en effet, la création du Centre répond à une conviction forte : la nécessité d’établir et de maintenir des liens avec « l’étranger ». Dans la vocation même du Centre, sont déjà étroitement liés la recherche de méthodes plus actives d’enseignement et l’effort à réaliser pour mieux connaître, donc mieux comprendre, les contextes éducatifs étrangers. Le français langue étrangère se constitue progressivement comme discipline spécifique. Parallèlement, la notion d’échanges entre pays évolue parce que s’élabore un nouveau champ d’investigation : l’analyse et la comparaison des systèmes éducatifs. Stagiaires hongrois en observation de classe

Création du CIEP en 1945

34 Des changements significatifs L’organisation administrative du CIEP a longtemps été indécise reflétant le caractère expérimental et évolutif des missions qui lui ont été confiées. Créé en tant que service extérieur du ministère de l’éducation en 1945, il est rattaché au lycée de Sèvres en 1948 avant d’être inclus en 1950 dans le Centre national de documentation pédagogique (CNDP). En 1970, le CIEP est transféré à l’Institut national de recherche pédagogique (INRP) auquel il est rattaché en 1976 par un arrêté qui sera annulé l’année suivante. Pendant dix ans la situation du CIEP est dépourvue d’assise juridique. Le 12 mai 1987, par décret, le CIEP est érigé en établissement public national à caractère administratif, sous tutelle du ministère chargé de l’éducation. Bâti sur une double vocation de centre de formation et de centre d’expertise, le CIEP contribue à la mise en œuvre de la politique internationale. Pourvu d’un statut d’établissement public autonome, les missions du CIEP sont définies comme suit : - contribuer à la mise en œuvre des programmes de coopération en éducation, - assurer la formation et le perfectionnement des spécialistes de l’enseignement du français langue étrangère, - concourir au développement de l’enseignement à caractère international en France et à l’étranger.

La sortie du lycée Le service audio-visuel Décret de 1987

36 Xavier Darcos - ministre délégué à l’enseignement scolaire et Albert Prévos - directeur du CIEP 2003 : un contrat d’objectifs En juillet 2003, le CIEP est le premier établissement public à conclure un contrat d’objectifs avec le ministère de l’éducation. Signé par Xavier Darcos, ministre délégué à l’enseignement scolaire, et Albert Prévos, directeur du CIEP, cet accord fixe pour trois ans les grandes orientations de l’établissement et précise le rôle du CIEP dans le dispositif de coopération internationale du ministère. Pour la période 2003 à 2005, deux grands axes ont été choisis : le développement des activités d’expertise et de formation et le soutien à la qualité des missions du CIEP. Ce processus de contractualisation est conforté par la mise en place d’un Comité de liaison qui comprend l’ensemble des directions du ministère, notamment, l’Inspection générale de l’éducation nationale, la Direction des affaires financières, la Direction des relations internationales et de la coopération. Ce contrat d’objectifs définit les missions actuelles du CIEP qui intervient dans deux domaines d’activités : - les langues, français langue étrangère et langues étrangères en France - l’éducation, ingénierie éducative et coopération internationale.

38 Deux domaines d’activités Les langues, avec trois secteurs d’intervention : - un pôle langue française propose des formations, une expertise et une réflexion dans le domaine du français, langue étrangère ou seconde, à l’étranger et en France. - un pôle évaluation et certifications assure la conception et la gestion pédagogique et administrative des diplômes pour étrangers du ministère français de l’Education, le DELF (diplôme d’étude de langue française) et le DALF (diplôme approfondi en langue française). Il gère également le Test de connaissance du français (TCF). - un pôle langues étrangères contribue au développement du plurilinguisme en France ; il gère pour le compte du ministère différents programmes : échange d’assistants de langue, d’enseignants, stages linguistiques… Il développe et conçoit des outils comme le site Internet « PrimLangues » (appui à l’enseignement des langues dans le primaire) ou le site « Emilangues » d’appui aux sections européennes et orientales. Dans le domaine de l’éducation, le CIEP joue un rôle d’ensemblier des compétences françaises pour répondre aux demandes d’ingénierie éducative. Il apporte une assistance technique française dans des projets de développement et de restructuration de systèmes éducatifs des pays en développement. Il répond à des appels d’offres multilatéraux lancés par l’Union européenne, la Banque mondiale et les banques régionales de développement dans le secteur de l’éducation et de la formation. Il conçoit et organise des formations pour des personnels d’encadrement de systèmes éducatifs étrangers.

40 Le centre de ressources documentaires Spécialisé dans la didactique des langues et dans l’actualité des systèmes éducatifs français et étrangers, le Centre de ressources documentaires accompagne cette réflexion. Riche d’un fonds de 20 000 ouvrages, il exerce une veille sur les questions éducatives et propose une base de données bibliographiques et des publications accessibles en ligne. La Revue internationale d’éducationde Sèvres Le CIEP édite la Revue internationale d’éducation de Sèvres. Reflet des enjeux de l’éducation, cette publication invite experts français et étrangers à réfléchir sur leurs propres systèmes éducatifs et à les mettre en perspective. Chaque numéro comporte un dossier thématique, des présentations de systèmes éducatifs, des bibliographies sélectives et des ressources en ligne.

Lieu d’échanges et de rencontres En contact avec plus de 150 pays, le CIEP organise des colloques et des conférences. Avec différents partenaires, la Banque mondiale, l’UNESCO, le ministère des Affaires étrangères, il conduit des réflexions sur des questions d’actualité éducative. Dans un cadre historique et verdoyant, le CIEP propose une infrastructure d’accueil et d’hébergement de qualité (une centaine de chambres, deux salles à manger…) pour les colloques et conférences d’institutions françaises, étrangères et internationales qui interviennent dans le domaine de l’éducation. Tour à tour usine, école et laboratoire d’idées, les lieux restent marqués par l’invention et l’innovation.

Crédits photographiques P 4 H, 6 Hd B / 7H B, 9 B, 10 H M, 14 B, 16 H, 17 B, 22 H B © archives de la Manufacture de Sèvres. P 4 Bd Bg / 5 H, 9H, 11Hd Hg, 12 / 13 H, 14 / 15 B, 16 M B, 18 H / 19 B, 21, 23 Hd Hg, 23 B, 25 M / 26, 31 B, 33 H, 34 B, 35 H, 37, 39, 40, 41, 42 © CIEP P 5 B, 6 M, 20 ©Sèvres en Île de France P 11 B, 17 H, 18, 19 H, 24 B, 25 H B, 27, 28, 29, 30, 32 H, 36 H©Le cinquantenaire de l’École Normale Supérieure P 23 – 24, 24 H© musée de la céramique de Sèvres P 31 H©Une demeure, une femme P 33 B©Lycée de Sèvres 1921-1991 P 36 B©Le livre du cinquantenaire 1945-1995 Bibliographie Le cinquantenaire de l’École Normale Supérieure de Sèvres 1881-1931, ouvrage collectif, Paris, 1932 PORTET Mariette, Sèvres en Île de France, La nef de Paris éditions, 1963 Une demeure une femme : le CIEP de 1945 à 1966, Les éditions ESF, 1971 Dix ans de pédagogie Sèvres 1967-1977, Les Amis de Sèvres, 1977 École normale supérieure, le livre du bicentenaire, PUF, 1994. Falconet à Sèvres, 1754-1766, ou l’art de plaire, Réunion des Musées Nationaux, 2001 SALMON Xavier, Madame de Pompadour et les arts, Réunion des Musées Nationaux, 2002 LEVER Évelyne, Madame de Pompadour, Perrin, 2003 GIROUD Françoise, Une femme honorable, Hachette, 2003

Centre international d’études pédagogiques Service de la communication 1, avenue Léon-Journault 92318 Sèvres Cedex Directeur de la publication : Albert Prévos Impression : Delcambre Dépôt légal : septembre 2005 ISBN : 2-11-095731-X Remerciements à Annick Lederlé Jérôme Champlois

Centre international d’études pédagogiques 1, avenue Léon-Journault 92318 Sèvres Cedex Site internet : www.ciep.fr

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