FOCAALE - Synthèse comparative de la recherche

31 francophones. Ce domaine a très peu fait l’objet d’études et il s’en ressent beaucoup de bricolage sur le terrain. Bruley-Meszaros (2008) cite dans son article le cas d’une association parisienne qui engage des bénévoles dont aucun n’a de formation initiale en FLE. Les formations des professionnels sont très variées. Comme le souligne Guernier, Lachaud et Sautot (2017), « Il semble nécessaire d’interroger le processus de formation initiale et continuée des formateurs. » Cette formation est nécessaire pour déterminer les besoins des apprenants et apporter des réponses d’ordre didactiques, pour utiliser du matériel adapté et développer davantage des compétences en « littératie ». Par ailleurs, il serait certainement préconisé d’accompagner les formatrices pendant leur pratique par un coordinateurune personne ressource aussi. Fatma-Zohra Mammar40 pense que l’animation proprement dite devrait occuper une place particulièrement importante dans la formation future. En effet, même lorsque les formatrices se disent inscrites dans une démarche actionnelle et qu’elles utilisent des documents authentiques comme supports, elles ont tendance à « expliquer » plus qu’à mettre les apprenants en situation d’observation et de découverte personnelle. Les explications données par la formatrice permettent d’accélérer le rythme de travail en formation, toutefois la parole des apprenants permettant la conceptualisation n’est pas assez sollicitée. Aujourd’hui la situation tend à s’améliorer au Luxembourg où il est aujourd’hui obligatoire d’avoir un agrément du ministère pour pouvoir donner des cours de langues. Par ailleurs si les formatrices bénévoles, souvent peu ou pas du tout formés en didactique du FLE, sont assez désarmés, il en est de même des formatrices ayant une formation pédagogique en français langue étrangère, mais pas en alphabétisation spécifiquement. Une professionnalisation est indispensable. « Même en tant qu’enseignante formée en français langue étrangère (FLE), ce terrain met en évidence le fait que nous ne sommes pas vraiment préparés à ce type de public » (Bruley-Meszaros, 2008) Par ailleurs les enjeux liés à la formation de ces adultes sont souvent d’ordre professionnel plus que liés à l’épanouissement personnel. La formation linguistique des migrants porte actuellement des enjeux politiques fondamentaux. Le modèle qui se polarise sur la composante linguistique essentiellement tend à disparaitre dans les organismes de formations dont les équipes se sont renouvelées. Le cadre politique et institutionnel impose désormais une prise en charge d’une formation linguistique de plus en plus « efficace », laissant peu de place à l’innovation et aux approches didactiques multiples. Nous avons, en effet, pu constater que lorsque la formation est liée à la question des titres de séjour, ou encore à la nécessaire adaptation à un poste de travail, elle est limitée à un nombre d’heures restreint et implique de formuler des objectifs précis et pragmatiques. Dans cet environnement, on peut établir que les approches pédagogiques se plient à cette exigence en parant au plus presse. On peut alors craindre la mise en place exclusive d’une approche utilitaire laissant de côté toutes les réflexions pédagogiques nées de la diversification des publics et des rapprochements interculturels ayant émergé ces dernières décennies. Dans les pays où la pression est la moins forte, comme c’est le cas de la Belgique, davantage de place est laissée aux pédagogies novatrices et ludiques, à la conscientisation et à l’originalité. L’acquisition du socle fonctionnel est indispensable incontestablement, mais n’est qu’une première étape pour aller plus loin. N’oublions pas que la 40 Cet avis a été ajouté suite à sa relecture du présent document, en tant qu’experte.

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