FOCAALE - Synthèse comparative de la recherche

11 Est-ce important de connaître le niveau de scolarité ? Et à niveau égal, les personnes auront-elles des compétences similaires ? Une difficulté mentionnée par les formatrices est celle du repérage des différents profils au départ des informations orales données par les personnes qui s’inscrivent en formation. Le critère de scolarisation ou de non-scolarisation est difficile à déterminer : selon les cas, une personne peut avoir effectué une scolarisation épisodique, avoir appris à lire et à écrire à travers un apprentissage informel (via un membre de la famille), ou encore avoir par exemple fréquenté une école coranique (Adami19 cité par Parson et Tabbal-Amella, 2013). Derrière la dénomination d’adultes non scolarisés peut se cacher des réalités très différentes. Certaines personnes présentent des lacunes, tout en possédant un certain nombre d’acquis dans la lecture et dans l’écriture. Ce sont par exemple des personnes scolarisées en primaire dans leur pays mais qui, pour diverses raisons, ne sont pas parvenues à une vraie maitrise de l’écrit dans leur langue, ou encore des personnes qui ont suivi un cours d’Alpha, souvent limité à un nombre d’heures déterminées, mais qui ont perdu leurs acquis par manque d’entrainement, et peut-être aussi par manque de liens avec l’environnement social et culturel. Dès lors, faut-il plutôt se baser sur les compétences communes acquises ? Les compétences à l’oral ou les compétences à l’écrit ? Dans les classes de français langue étrangère, le niveau d’oral prédomine comme critère pour homogénéiser les groupes de formation, tandis que le niveau d’écrit prévaut dans les classes d’alphabétisation. Néanmoins, dans les mêmes groupes de formation, que ce soit en FLE ou en Alpha, il existe d’importants décalages entre les niveaux d’écrit. Dans la présentation de leur ouvrage, Marie-Cécile Guernier et Véronique Rivière (2012) identifient deux groupes de personnes qui suivent les formations avec pour objectifs l’apprentissage de l’écrit. Les différences de profils engendrent des différences de rythmes d’apprentissage dont il faut tenir compte. Un premier groupe est constitué par des personnes en réapprentissage de la langue écrite, comme les personnes en situation d’illettrisme, les jeunes adultes trop tôt déscolarisés ou les salariés peu qualifiés ou encore les personnes allophones qui vivent depuis longtemps dans un pays francophone et qui s’inscrivent à des cours de français dans une visée de socialisation ou en vue de la naturalisation. Un deuxième groupe est constitué par les personnes nouvellement accueillies sur le territoire, soit demandeurs d’asile/de protection internationale20, soit signataires d’un Contrat d’Accueil et d’Intégration qui entament un parcours d’insertion dans un contexte sociétal où le français est très présent. Ajoutons que dans ce deuxième groupe, on retrouve en formation des personnes alphabétisées dans leur langue maternelle, certains avec un niveau d’études supérieur, mais qui ne connaissent pas l’alphabet latin. Ces personnes, déjà alphabétisées dans leur propre langue, devraient pouvoir transférer leurs compétences en lecture au français après avoir maîtrisé les changements du système d’écriture : l’alphabet mais également pour certains le sens de la lecture de gauche à droite 19 Adami H. (2009). La formation linguistique des migrants. Paris : CLE international. 20 L’appellation varie d’un territoire à l’autre.

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