FOCAALE - Synthèse comparative de la recherche

10 2. Répondre à des besoins spécifiques sans toutefois coller d’étiquette Dans le projet FOCAALE, le public concerné est celui des adultes immigrés non lecteurs non scripteurs. Le projet s’intéresse en priorité à des personnes qui nécessitent de développer simultanément les compétences orales et écrites. Elles se trouvent confrontées, comme le souligne Adami17 (Parson, Tabbal-Amella, 2013) à une triple difficulté : « [elles doivent] découvrir la nature des liens entre l’oral et l’écrit, acquérir les principes de transcodage spécifiques à la langue-cible, en même temps qu’[elles apprennent] à la parler et à la comprendre ». On retrouve très peu de littérature consacrée à ce public. Par ailleurs, les formations proposées ne s’adressent pas exclusivement à ces personnes. Et c’est une chance. Mais à partir de là, de nombreuses questions se posent : des questions liées à la constitution des groupes et aux compétences à acquérir. Que développe-t-on dans le cadre des formations ? Plutôt l’oral ? Plutôt l’écrit ? Les deux simultanément ? Et comment développer l’écrit sans une base à l’oral18 ? La question de l’orientation des personnes dans les différentes formations et de la composition des groupes sont des questions capitales. Les adultes non lecteurs non scripteurs se retrouvent rarement dans des groupes de formation homogènes, excepté possiblement dans le cadre des dispositifs spécifiques d’intégration. Ce qui est beaucoup moins évident dans l’associatif par exemple où les personnes viennent de tous horizons et où un travail d’orientation et d’accueil de ces personnes est donc d’autant plus indispensable. Sur quels critères orienter les personnes ? Est-ce important de connaître le niveau de scolarité ? Et à niveau égal, les personnes auront-elles des compétences similaires ? Dès lors, faut-il plutôt se baser sur les compétences communes acquises ? Les compétences à l’oral ou les compétences à l’écrit ? Les catégories Alphabétisation versus Français langue étrangère sont-elles ici pertinentes ? Et plutôt que de catégoriser et de faire des groupes de niveaux, ne faudrait-il pas constituer des groupes, certes hétérogènes, mais au sein desquels les personnes auraient des objectifs communs ? N’est-ce pas préférable de proposer aux adultes en apprentissage des ateliers, des projets, liés à des objectifs communs en fonction de leurs besoins spécifiques ? Quels sont ces besoins ? Comment les déterminer ? Comment, dès lors, gérer l’hétérogénéité des niveaux de départ ? Grand nombre de ces interrogations sont soulevées dans les publications (Etienne S., 2008 ; de Ferrari M., 2008 – avec le titre très évocateur de Nommer autrement pour faire différemment ; BruleyMeszaros C., 2008 - traite de la difficulté de la gestion de l’hétérogénéité des publics en milieu associatif ; de Ferrari M., Mammar F.-Z., Nassiri M.-C., 2010 ; Guernier M.-C., 2012 – parle de publics diversifiés et d’une multitude de dispositifs de formation). Ces questions animent également les professionnels sur le terrain. 17 Adami H. (2009). La formation linguistique des migrants. Paris : CLE international. 18 Et par ailleurs, comment travailler l’oral et la mémorisation avec des personnes qui ne maitrisent pas l’écrit ? « L' analyse des entretiens indique que l'absence de l'écriture comme outil pédagogique développe des mécanismes d'apprentissage très variés. » (Alejandra Vergara Lopez, 2011). Pour approfondir cette question de l’apprentissage de l’oral par des personnes qui ne maîtrisent pas l’écrit : http://www.lire-et-ecrire.be/IMG/pdf/abecedaire_du_formateur.pdf

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